Il y a quelques années,nous l’avions acueilli dans notre cinéma pour une rétrospective, caméra au poing:
« J’ai toujours considéré une caméra comme une arme de témoignage. Mais ce n’est pas une arme qui tue. Au contraire, ça peut être un instrument de paix. C’est pour cela que je me suis bagarré pendant cinquante ans pour qu’il y ait des dialogues d’images, et tous les films que j’ai faits, je considère que ce sont des dialogues d’images. Le réalisateur prend parti. Il s’engage d’un côté, mais il donne aussi la parole aux gens d’en face. » (René Vautier)
Toute une vie caméra citoyenne et indignée au poing : tout au long de sa carrière de cinéaste militant, René Vautier ne cesse de s’engager contre le capitalisme, le patronat, le racisme, mais reste aussi et surtout l’un des plus grands dénonciateurs du colonialisme. Et de constater la dure vie des pamphlets visuels et des mains (« fragiles » ou « coupées », pour citer Marker) qui les réalisent : tournages accidentés, montages clandestins, négatifs confisqués, commission de censure, inculpations, condamnation pour atteinte à la sûreté intérieure de l’État, emprisonnement, grèves de la faim, dégradation et destruction des copies, conditions illégales de diffusion, séances hautement menacées, attentats.
RIP Camarade (2015)